jeudi 16 janvier 2014

Le terril (10)


Il y a des terrains faits pour la guerre et d'autres pour la paix. Ceux-là ne s'étaient pas trompés lorsqu'ils sont arrivés sur le terril parés de treillis et maquillés de traits noirs et épais. S'ils faisaient mine de m'ignorer, je ne pouvais m'empêcher d'observer leur manège dans les hautes herbes. Ils rampaient, hurlaient et jetaient devant eux des boîtes de conserve peintes. Leurs bastions se résumaient à de malhabiles agencements de bâches de plastique, leurs tranchées, à quelques trous boueux cachant à peine un homme assis. Leurs armes, n'en parlons même pas. J'étais triste pour eux. Qu'ils soient des cowboys de l'Arizona dans un laboratoire ou des cobayes prenant l'horizon pour un labyrinthe, au final, peu importait... Leur guerre se résumerait toujours à des genoux sales et des écorchures de ronces sur les mains. J'ai fini par les raccompagner l'un après l'autre en les tirant par l'oreille. Il y a des armistices et des capitulations qui font peu de bruit. En avant.

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