jeudi 19 décembre 2013

Mnémotourisme (25)


On rêve que le ciel s'obscurcisse encore.

Au sujet du Pigeon migrateur (Ectopistes migratorius), Pehr Kalm écrit en 1759 :
"Au printemps 1749, venant du nord, il arriva en Pennsylvanie et au New Jersey un nombre incroyable de ces pigeons. La nuée qu'ils formaient en vol s'étendait sur une longueur de 3 à 4 miles et une largeur de plus d'un mile, et ils volaient si serrés que le ciel et le Soleil en étaient obscurcis, la lumière du jour diminuant sensiblement sous leur ombre.
Sur une distance pouvant aller jusqu'à 7 miles, les grands arbres aussi bien que les petits en étaient tellement envahis qu'il était difficile de trouver une branche qui n'en était pas couverte. Quand ils s'abattaient sur les arbres, leur poids était si élevé que non seulement des grosses branches étaient brisées net, mais que les arbres les moins solidement enracinés basculaient sous la charge. Le sol sous les arbres où ils avaient passé la nuit était totalement couvert de leurs fientes, amassées en gros tas"

Plus impressionnant encore, le témoignage de John James Audubon (par ailleurs auteur de l'aquarelle représentant le pigeon en question ci-dessus), dans les années 1830 :
"Le ciel était littéralement rempli de pigeons, la lumière de midi était obscurcie comme par une éclipse ; les fientes pleuvaient comme des flocons de neige fondante. Les pigeons continuèrent à passer en nombre toujours aussi important durant trois jours consécutifs." 

On a estimé le nombre d'effectifs de cette espèce entre 3 et 5 milliards au début du 19e siècle, rien que pour les États de l'Indiana, de l'Ohio et du Kentucky. Vers 1810, un certain Alexander Wilson mentionne un vol de 2 230 272 000 individus.
C'est beaucoup.
Pourtant, le 1er septembre 1914, Martha, la dernière représentante de son espèce, meurt au zoo de Cincinnati.

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